par Jerry
Le chronographe YEMA Spacegraf Zero-G marque une étape dans l’histoire de la marque YEMA. Après la Superman GMT, évolution d’un modèle emblématique, après le chrono Rallygraf Méca Quartz encore très emprunt des codes vintage, le chrono YEMA Spacegraf, pure création, fait entrer la marque dans une ère nouvelle, sans rien renier du passé…
Non mais oh !? Tu croyais vraiment que j’allais te faire longtemps une revue sur le ton docte et sage d’un magazine spécialisé ou d’un blog fashion ?! Allez Hop! Réveil ! Je t’emmène vivre une expérience hors norme, aux confins de l’espace. Fais-moi confiance, ça va décoiffer.
Le design du chronographe Spacegraf Zero-G est entièrement tourné vers l’évocation des vols en apesanteur. Lisibilité extrême avec de gros index blancs cerclés surdimensionnés. Aiguilles dans la même veine. Pas de date. Pas de doute : c’est une montre faite pour s’envoyer en l’air. Si l’échelle tachymétrique de la lunette en acier brossé est tout ce qu’il y a de plus classique, le rehaut porte des graduations inédites, totalement dédiées au vol en apesanteur. J’y reviendrai plus loin. A 12:00, la mention 1G correspond à la gravité terrestre. Celle qui nous fait garder les pieds sur terre. Ma femme te dirait cependant qu’en ce qui me concerne, elle ne suffit pas toujours… A 06:00, une graduation 0G, correspond à la situation d’apesanteur.
La simplicité de ce cadran, d’un noir profond, confère à l’ensemble un sentiment de grande ouverture, pour une montre dont le diamètre n’est pourtant que de 39mm. La photo ci-dessous met en évidence la texture du rehaut comme la mention « ZERO G », imprimée en rouge sur le cadran.
Le rouge est en effet un trait de caractère important de ce chrono. Il est très judicieusement présent sur la lunette en acier brossé, dans le creux des lettres du mot Tachymètre, sur la mention « ZERO G » du cadran, sur l’aiguille tachymétrique, et enfin sur l’échelle d’indication de la gravité, dans la partie inférieure du cadran. Je regrette un peu le manque de contraste sur cette dernière échelle qui rend la lisibilité un poil difficile selon moi, mais l’ensemble est vraiment très agréable à regarder.
L’élément le plus marquant de la Spacegraf Zero-G est certainement son cadran texturé, sensé évoquer le sol lunaire. J’appréhendais un peu cette surface granuleuse, craignant d’être déçu. Et bien non. Craintes envolées. L’effet de matière fonctionne très bien, évoquant, selon l’angle de la lumière, le basalte des roches lunaires ou des constellations d’étoile. Tu t’ennuies ? Un petit coup d’oeil à ta montre et te voilà à 384000 kilomètres de la terre, en compagnie du Petit Prince.
Un passage sous la lampe à ultra violets confirme la très bonne luminescence des index et des aiguilles, avec un bonne tenue dans le temps. Tu noteras le détail sympa de la petite aiguille qui luit aussi, là bas, au fond de la galaxie…
Changement de point de vue avec un aperçu de la tranche, qui révèle le logo Y joliment dessiné en relief sur la couronne, ainsi que les extrémités percées des cornes. Parfait ! Ça sent bon le changement de bracelet facile en fonction de l’humeur du jour ! Au passage, rien à dire sur les poussoirs, dont l’emploi est sans relief ; sans surprise. Ici, juste du contact électrique. Ben oui, c’est une montre à quartz, équipée d’un mouvement Espon M90A, provenant, si je ne commets pas d’erreur, de la Seiko Epson Shiojiri factory, qui produit notamment le fameux mouvement Spring Drive. C’est à ce mouvement que ce chrono doit une remise à zéro du chrono glissante, d’un très bel effet, évocateur du déplacement fluide des objets dans l’espace. Avant que tu ne poses la question, je te précise que la couronne n’est pas vissée. Pour une montre destinée à aller dans l’espace, ce n’est vraiment pas gênant. Sauf si tu envisages un retour sur terre perdu au milieu de l’océan. Mais même dans cette hypothèse, l’étanchéité donnée à 10 bar devrait suffire. Bon évidemment, si tu as fini ta course dans une fosse abyssale….
Un demi tour sur lui même et le chrono nous présente son autre profil. Le contraste des reflets met parfaitement en évidence la différence de texture entre le boitier poli et la lunette brossée mat. L’effet loupe de l’épais verre minéral bombé est ici parfaitement visible. Et si tu ne le vois pas, tant pis pour toi. Je ne referai pas la photo. Non mais Oh.
Si le cadran d’une montre lui donne son identité, le fond est toujours une surprise très agréable à découvrir, surtout lorsqu’il commémore le 30ème anniversaire des vols en apesanteur du CNES ! Là, Yema nous fait un joli petit coup de marketing en mentionnant sur le fond de cette montre un « exploit » qui n’est pas vraiment le sien. Contrairement à ce que peut laisser penser la mention « YEMA première montre française en orbite » inscrite sous le nom « Spacegraf ZERO G », ce chronographe n’est jamais allé dans l’espace. La mention fait en réalité référence aux YEMA Spationautes, dont la première est allée dans l’espace en 1982, au poignet de Jean-Loup Chrétien. Il s’agissait du premier partenariat de la marque avec le CNES. Le groupe Ambre a judicieusement relancé le partenariat avec le CNES en 2018, à l’occasion de la sortie de la Spacegraf « X », conçue pour saluer le vol astronomique du 10eme astronaute français. Si tu veux creuser un peu, tu trouveras ici le rapport d’essai en apesanteur de cette première Spacegraf, qui n’a pas rencontré un très grand succès à ma connaissance, sans doute en raison de son design assez particulier : Rapport_Test_CNES_Yema_Spacegraf01
Je termine le tour d’horizon avec la boucle ardillon plutôt originale, gravée du logo Yema. C’est très réussi !
Allez. Arrêtons le bla-bla et embarquons à bord de l’Airbus A310 de Novespace, filiale du CNES, qui assure les vols en apesanteur. Le principe est simple : il s’agit d’enchainer des évolutions paraboliques, composées de 3 phases principales :
- Phase 1 : une ressource d’entrée au cours de laquelle les pilotes cabrent l’avion en montée, avec une forte poussée des réacteurs.
- Phase 2 : phase de sommet de parabole, moteur coupé ou presque, au cours de laquelle l’avion est en chute libre
- Phase 3 : une ressource de sortie au cours de laquelle les pilotes redressent l’appareil.
Les phases 1 et 3 durent un peu moins de 20 secondes. La phase du milieu dure précisément 22 secondes. Entre deux cycles, se trouvent des phases de vol en apesanteur normale, de 1G, qui correspond à la gravité de la terre.
T’as compris ? allez… C’est parti pour 1 minute de montagnes russes !
Etape 1 : pépère. Tu papotes avec ta voisine en lui demandant d’un air détaché si elle a déjà fait ca…
Etape 2. Top ! Phase 1 du vol parabolique ! Lancement du chrono. Le pilote pousse la poignée de gaz et cabre l’avion jusqu’à 47° et 50°. Ton corps pèse 2 fois plus lourd qu’à habitude. L’aiguille du chrono passe devant la graduation « 2G » de l’échelle de gravité au moment ou ta voisine hurle : « On va tous mouriiiir ! ». Toi : « Ah. Donc tu l’as jamais fait, en fait… »
Etape 3. Top ! Phase 2 du vol parabolique. Oui. Je sais. Etape 3, phase 2, c’est un peu compliqué… Tu sais quoi ? C’est toi qui écriras la revue et qui fera le croquis la prochaine fois… Bon allez. Suis un peu. Donc : phase 2 du vol parabolique. Le pilote réduit les gaz. Bien que continuant à monter sur sa lancée, l’avion est en fait en chute libre. L’aiguille tachymètrique entre dans la zone des graduations rouges. Ta voisine et toi flottez dans la cabine. Vous rigolez bêtement. Heureux.
Etape 4. Top ! Au sommet de la parabole, l’avion bascule. L’aiguille du tachymètre pointe sur la graduation Zero-G, à 06:00. Flottant encore en l’air, tu ne te rends pas vraiment compte du changement. Mais la voix qui résonne dans la carlingue t’invite à te préparer au retour de la gravité dans 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 seconde !
Top ! Etape 5 ! L’aiguille du tachymètre quitte la zone des graduations rouges, marquant la fin de la phase d’apesanteur.
Top ! Etape 6, Phase 3 du vol parabolique. Retour à la réalité avec une nouvelle accélération de près de 2 G lors de la ressource de sortie. Tu es collé au sol de la cabine. Ta voisine aussi. Elle te regarde. Tu la regarde. La même pensée vous traverse : « On va tous vomiiiir ! »
Top ! Etape 7. L’aiguille tachymètrique rouge est revenu à sa position de départ, à 12:00, et te confirme ce que ton estomac t’a déjà indiqué, s’il ne s’est pas retourné : retour à la gravité terrestre ! Raaaah que c’est bon !
Le vol en apesanteur est quand même une sacrée expérience, qui mérite un peu plus que mes petits croquis sommaires. Je t’invite vivement, si tu ne t’es pas endormi, à en lire le descriptif et à regarder la vidéo réalisée par idariane. A 13:09, il est très amusant de voire l’effet de la gravité mesuré par une simple balance !
Voir : J’ai testé le vol parabolique Zero-G
Incontournable également cette vidéo d’explication des commandes de l’avion, spécialement conçues pour le vol en apesanteur :
Voir : Le vol parabolique expliqué par un pilote Zero-G
Un fois passées les émotions fortes, place à la coquetterie, avec quelques essais de bracelet NATO. Cette montre se prête vraiment bien à ce type de fantaisie !
Au poignet, c’est sympa aussi !
Je ne pense pas t’apprendre grand chose en précisant que le chrono YEMA Spacegraf Zero-G est décliné en 3 modèles : Le Spacegraf Zero-G, dans une livrée noir PVD, et deux versions dotées d’un boitier acier l’un avec cadran noir, qui nous a accompagnés pour notre vol en apesanteur, l’autre avec un cadran bleu. Comme je ne recule devant rien pour te faire plaisir, voici quelques photos du Spacegraf Zero-G Steel blue, réalisées avec la complicité de Laurent Bédouin, son heureux propriétaire. Un bon prétexte pour se siffler une binouze au bar branché de l’aéroport !
Voilà. En amateur de BD tu auras peut-être reconnu le trait d’Hergé qui a servi de fond pour les photos. Il s’agit d’une bande dessinée de 4 pages, réalisée spécialement à l’occasion du vol spatial réussi d’Apollo XII, et publiée dans l’hebdomadaire Paris Match de novembre 1969, n°1073.
Les caractéristiques complètes du chrono YEMA Spacegraf Zero-G, que tu peux t’offrir pour 449 € dans sa version noir PVD et 399 € dans les deux autres déclinaisons sont , quant à elles, disponibles sur le site de la marque. Dis, oh, tu ne croyais quand même pas que j’allais te les donner comme ça, gratis !?
Merci à mes compères « Admin » du Club. Sans leur relecture attentive et leurs suggestions pertinentes, cette revue serait beaucoup moins bien !! (À la réflexion, je retire « beaucoup »: ça pourrait leur donner des idées de revendication…)
Allez, Salut.
Jerry.