Ces Yema qui n’en sont pas, le cadran 63 !

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Ces Yema qui n’en sont pas, le cadran 63 !

Par Pierre Jean Manfreo.

 

Comme pour toutes les (bonnes) histoires, il faut une trame générale qui souvent se décline sur plusieurs chapitres. Il faut des rebondissements, des histoires secondaires, des imprévus, des moments de bonheur ou de tristesse et tout ces éléments, telle une saga historique, peuvent s’appliquer à cette marque horlogère que nous apprécions tous ici, Yema ! Il y a quelques mois, nous avons définitivement posé les premières pierres d’une des composantes importantes de la marque Yema, une certaine forme de multiplicité. Cette caractéristique nous l’avons nommée « Ces Yema qui n’en sont pas » !

vous pouvez relire le premier article ici :

https://leclubyema.com/index.php/2019/12/04/la-yema-skin-diver-rene-rochard-octopus/

Pour celles et ceux qui auraient manqué le premier épisode, revenons rapidement sur cette étrange caractéristique : vous avez peut être remarqué des similarités esthétiques, techniques entre deux montres, l’une identifiée Yema, l’autre arborant une marque différente. Sont-elles jumelles, non ? Sont elles sœurs ou cousines, oui certainement. Quand je vous le disais que nous étions au cœur d’une histoire à rebondissement, un véritable roman de gare ! Après réflexion le consensus sur les marques dites « export » semble moins évident. Pour les retardataires notre réflexion était la suivante : il semble peu probable que Yema ait lancé des marques différentes pour développer son activité sur des marchés à l’exportation. La bonne piste pour ces modèles « exports » serait de comprendre que des marques ayant besoin de compléter leur(s) gamme(s) se soient tournées vers Yema pour obtenir de très solides bases de travail, sur lesquelles elles seraient venues inscrire leur propre nom, en conservant l’identité graphique, esthétique, imaginée par Yema. Et pour nous d’imaginer le hashtag #CesYemaQuiNenSontPas.
La mise à jour étant faite, nous espérons pouvoir ouvrir sereinement le deuxième chapitre qui s’ancrera en toute logique dans le premier ! Depuis le début des années 50, la pratique de la plongée sous-marine devient de plus en plus populaire, personne ne s’étonnera que l’industrie horlogère s’intéresse à cette nouvelle pratique sportive pour développer des boitiers de montre capable de répondre à ses contraintes. Avant les années 50, pendant la 2ème Guerre Mondiale, seules les plongeurs militaires avait besoin de montres performantes en plongée profonde, d’ailleurs rarement en dessous de 40m. Arrivent rapidement des profondeurs plus importantes, demandant aux boitiers de pouvoir atteindre 100m, 200m et même plus encore. Et ces boitiers disponibles pour le grand public nous les connaissons, il s’agit des pré skin diver (330 feet) et skin diver (660 feet). Yema utilisera comme d’autres marques ces boitiers des années 50 aux années 70. Le boitier Superman fera lui son apparition en 63.
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Yema Pre Skin Diver 63 330F © Karamazov
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Yema Skin Diver 63 © ebay
Ces skin divers nous intéressent aujourd’hui parce qu’elles vont lancer un cadran iconique chez Yema, le cadran dit « Superman 63 » offrant une lisibilité performante en plongée avec ces tranches de matières luminescente, associées à des chiffres arabes dans une typographie moderne et stylisée (pour l’époque) et les fameuses aiguilles dites Superman elles aussi. Certaines auront les aiguilles à flèche simple, d’autres à flèche double en pointe. Il est amusant de relever que cette combinaison cadran/aiguilles ne deviendra dans l’inconscient des yemaniaks comme un marqueur de l’ADN Yema qu’avec l’apparition de la « Superman 63 ».
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Yema Skin Diver © Karamazov
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Yema Skin Diver bracelet Tropic boucle Yema

Le lien avec le premier article de la série #CesYemaQuiNenSontPas nous le faisons avec cette René Rochard, boitier skin diver identique au modèle « Octopus » mais ici avec un cadran 63. Esthétiquement c’est une copie conforme de la Yema Skin divers 63 que nous présente Batilou, boitier skin diver avec ses triple volutes sur le fond, couleur du lume identique, petit index triangle à 12h… les marquages du cadran sont eux aussi très proches. Force est de constater que ces modèles René Rochard amènent plus de questions, que de réponses. D’autres montres signées Rochard m’inspirent un fort lien de proximité avec Yema, mais n’ayant aucune certitude pour le moment, je garde mes intuitions. Peut être aurons-nous l’occasion d’en reparler dans un prochain chapitre.

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Rene Rochard Skin diver © ebay
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Yema Skin Diver © photo Batilou
La seconde montre qui nous intéresse est aussi celle qui illustre la présentation de notre article, une Olympic 330 Feet (pré skin diver). J’ai eu le plaisir de l’avoir pendant quelques semaines. Elle venait des Pays-Bas et avait besoin d’une restauration. Nous n’avons pas d’information sur la marque Olympic, j’ai néanmoins vu à quelques reprises d’autres montres Olympic provenant de Hollande. Aucune certitude, simplement de l’observation. Particularité du modèle présenté, les pompes de bracelets sont soudées, un pratique courante sur les montres militaires… un mystère de plus pour cette montre sympathique qui mériterait certainement une médaille d’or pour sa rareté !
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Olympic Skin Diver 63 © Batilou
Cette magnifique Savillon offre un autre visage à nos réflexions et nous conforte qu’à de (très) rares exceptions la théorie du modèle « export » ne tient pas. Savillon serait (à confirmer) une marque rattachée à la maison Enicar. Enicar n’ayant à ma connaissance aucun lien avec Yema, Savillon ne peut donc pas être une marque d’exportation Yema, CQFD. Il s’agit ici d’une skin diver superbe, elle a été présentée sur différents sites et forums. Là aussi la ressemblance avec la skin 63 Yema est évidente. Une recherche d’images débouche sur deux modèles, dont l’une ayant appartenu à un membre éminent du club Yema, pour moi il s’agit de la même montre mais avec une lunette différente.
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Savillon Skin Diver © Tarzom
La Doxa, présentée ici en version automatique boitier skin diver, illustre parfaitement la « perméabilité » qu’il pouvait y avoir à l’époque entre les maisons horlogères. Doxa est n’est pas une marque de second plan, mais bien une maison à part entière avec un héritage historique (fondée en Suisse au Locle, en 1889 par Georges Ducommun. Les amateurs de montre de plongée savent que la Doxa « Sub » lancée en 1967 marquera son époque. Il n’est pas impossible que Doxa avant de développer cette Sub, se soit appuyé sur l’expérience acquise avec ses boitiers skin diver ayant un visage familier pour les Yemaniaks !
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Doxa Skin Diver © Inconnu
Pas dénuée de charme avec sa sombre patine, voilà une dernière montre beaucoup plus obscure que les quatre précédentes. Une Septa, sûrement en boitier skin diver. Son cadran bien patiné ne nous permet pas d’en savoir plus en dehors du fait que voilà une cinquième marque ayant utilisé des composants avec une très grande proximité Yema.
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Septa Skin Diver © Inconnu
Je ne vous cache pas que malgré mes recherches, j’aurais aimé partager avec vous d’autres exemples de cadran Superman 63. Je pense qu’il doit y en avoir plus, et nous serions ravis de partager vos exemplaires, connus/inconnus. Il me semble qu’il ne serait pas improbable que nous finissions un jour par dénicher ces déclinaisons chez Lejour, ou Voltaire. Amis du club, toute votre aide sera vivement appréciée. Et parce que nous devons conclure ce chapitre 2 de #CesYemaQuiNenSontPas la transition avec le chapitre 3 est toute trouvée, nous découvrirons ensemble que nos chères Superman ont elles aussi quelques cousines à travers le monde !
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Yema Superman 63 © Batilou

Auteur Pierre Jean Manfreo,   https://www.instagram.com/the_rolexrialist/