Les ami(e)s, l’heure de l’épisode 3 de la saga #CesYemaQuiNEnSontPas a sonné. Avant d’aller plus loin, je crois qu’il est important de revenir sur ce concept de « Ces Yema qui n’en sont pas ». Jusque dans les années 80, Yema a produit des montres identiques en de nombreux points à ses propres modèles, pour d’autres marques horlogères. Dans les grandes heures de l’horlogerie, les années 50, 60, rien qu’en France les marques se comptaient par centaines, imaginez maintenant ce chiffre à l’échelle du globe, plusieurs centaines, 1000, plus ? Toutes ces marques n’avaient pas la capacité financière, industrielle, de développer tel ou tel modèle, une montre de plongée, un chronographe, une montre habillée… il était donc plus simple de passer un contrat avec un groupe, une marque plus importante que vous et qui avait déjà dans sa gamme le type de montre voulu. Yema faisait parti de ces grandes sociétés à même de pouvoir réaliser de tels projets.
Après le chapitre 2 consacré aux « Skin divers à cadran 63 » Yema qui n’en sont pas, il semblait logique de poursuivre sur la première itération de la Superman, la légendaire Superman 63, celle qui va initier une longue et belle saga de montres de plongée qui perdure encore aujourd’hui, quasiment 60 ans après. Oui dans le club on aime bien mettre un peu d’emphase, c’est plus valorisant pour l’histoire de la marque ! Bref, cette Superman 63 elle fait le bonheur de certains et suscite de la frustration chez les autres (ceux qui n’en ont pas une). Voilà venu pour vous le moment de découvrir ce qui se cache dans les profondeurs du web ou d’un tiroir, des déclinaisons connues ou moins de cette « Sup 63 ».
J’ai pour une habitude de décliner ma présentation de façon alphabétique, mais pour une fois dépassons cette routine. Commençons par la LeJour. Elle résume a elle seule toute la complexité du sujet #CesYemaQuiNEnSontPas. Combien de personnes, de textes, d’articles ont véhiculé que LeJour était une marque « export » de Yema. En faisant quelques recherches on comprend mieux l’ambiguité concernant cette marque. LeJour est une société française, qui distribuait des montres Suisse en Europe et aux USA, jusque là rien de compliqué. Selon le site Hodinkee le partenariat le plus fameux était celui avec la maison Heuer, mais jusque dans les années 80 LeJour était distributeur de Yema pour le marché américain. LeJour n’étant pas une manufacture horlogère, elle proposait donc de (très) belles montres produites par des manufactures Suisses et des assembleurs qu’elle vendait sous sa propre marque. Donc non, LeJour n’est pas la marque « export » de Yema, mais LeJour était l’importateur de Yema. J’espère que ces notions seront plus claires pour vous dans les prochains volets de la saga #CesYemaQuiNEnSontPas. Les choses étant précisées, découvrons cette LeJour Superman 63 qui est une copie conforme de la Yema 63, boitier, lunette, cadran 63, aiguilles, trotteuse rectangulaire, bloc lunette rouge d’origine bien visible sur la publicité d’époque. Comme jamais rien n’est simple chez Yema, il y a quelques semaines nous avons mis la main sur un exemplaire présentant un cadran « 5 lignes » avec la mention France, différent de celui sur la pub qui lui possède 4 lignes de textes. Bref un mystère de plus pour la plus (re)connue des Superman 63 qui n’en sont pas.
La version Amaryllis est elle aussi en droite ligne des versions Yema et LeJour. Vous donner des informations sur la marque relève de la mission impossible ou presque, même les profondeurs du net ne sont pas d’une grande utilité. Un vendeur américain sur ebay, précise que la montre a été fabriquée par Yema et je reprends ses mots « marketée en Italie ». Surprenant mais pas improbable. La montre est équipée en ETA 2782, cela semble cohérent avec les mouvements proposés à l’époque, la S63 Yema embarquait un ETA 2452, calibre que nous retrouverons aussi sur les « Superman grises » avec les 2782 et 2783. Deux types de cadrans connus. 2 ou 3 lignes avec mention Swiss Ebauche pour la seconde. Sur le second exemplaire, la lunette n’est pas celle d’origine, ce genre de lunette « bakélite » est plus tardive et certainement un modèle « aftermarket ». Si vous avez des connaissances à nous apporter sur la marque, n’hésitez pas à nous contacter.
Attention, ne pas confondre Olympic et Ascot Olimpico. La première figurait en bonne place dans notre revue des cadrans 63. Ici il s’agit d’Ascot Olimpico, une énième marque horlogère oubliée de nos jours, peut-être une maison d’origine britannique ? Elle se décline en cadran 3 ou 4 lignes avec certainement une mention Swiss Ebauche. La marque existe à priori encore aujourd’hui mais elle propose des montres bas de gamme. À noter qu’un membre du club possède une skin diver « Octopus » de cette maison. Il ne s’agit donc pas d’un cas isolé de collaboration entre Yema et Ascot.
Le cas Eisenhardt ne varie pas beaucoup des deux montres précédentes. Eisenhardt et une marque Suisse, un distributeur, un assembleur (?). La marque a connu une tentative de relance il y a 3/4 ans sur Kickstarter sans grand succès. Dans les années 60/70 elle proposait des montres de plongée aux caractéristiques identiques à celles de Jenny, Philip Watch, Fortis, Ollech & Wajs, Jaquet Droz, Aquadive. Des noms prestigieux auxquels nous ajoutons Yema. Dans ses belles années, la marque devait bénéficier d’une certaine crédibilité car elle n’hésitait pas à proposer d’autres montres sportives prestigieuses à l’image de certains chronographes eux aussi d’origine Yema. Nous aborderons le sujet dans un prochain article.
Je vous laisse lancer une recherche Kenner’s Superman sur un moteur de recherche et imaginer le résultat. À 99,9 % votre recherche aboutira sur des jouets à l’effigie du super héros en culotte rouge. Pour tout vous dire je suis incapable de retrouver l’endroit où j’ai découverte cette Kenner’s. Son propriétaire a eu en tout cas la présence d’esprit de photographier sa montre avec un cadran Superman 63. Au delà d’extrêmement rare et mystérieuse je ne vois pas ce que je peux ajouter de plus !
Merci à Bart, membre du club Yema, qui a porté à ma connaissance cette montre complètement passée sous les (mes) radars, la Superfacto. Cet exemplaire était vendu sur ebay il y a quelques semaines par un vendeur canadien. Ce dernier ne voulait pas la vendre en France, avec l’aide d’un ami au Canada, nous avons tenté notre chance sur cette montre, malheureusement à quelques minutes et dollars près, cette obscure Yema qui n’en n’est pas une aurait pu intégrer ma collection. Détail important, elle est la seule avec la LeJour à avoir la mention « Superman » sur son cadran. Et quid de la mention légèrement effacée entre Superfacto et le nombre de rubis ? Elle cochait toutes les cases de la belle curiosité mais encore une fois, aucune information sur cette marque ! En souhaitant qu’un jour d’autres exemplaires réapparaissent sur le marché.
Si Voltaire est un nom qui résonne fortement dans la culture française, son éponyme horloger n’a pas le même impact ! Vous l’aurez compris, la marque horlogère Voltaire, rien à voir avec Zadig… me (nous) laisse complètement perplexe. Et pourtant Voltaire a apposé son nom sur cette première génération de Superman et sur la suivante, ainsi que sur d’autres montres de plongée, n’ayant aucune parenté avec les Yema, images rares que je conserve précieusement dans mes archives. D’ailleurs il circule peu de photos sur cette Voltaire 63, je conservais modestement une photo de qualité très moyenne pour cette article mais grâce à Gui BP (membre du club Yema), je suis content de pouvoir partager avec vous des photos plus intéressantes et surtout d’une meilleur qualité, qui en plus nous permettent de découvrir l’existence de variations sur le cadran. Comme si déjà la simple existence de ces Yema qui n’en sont pas ne suffisait pas, plus on creuse, plus on déterre de nouvelles interrogations ! Si si regardez bien les deux cadrans…
Nous voilà arrivé au dernier chapitre de ces Superman 63 qui n’en sont pas. Cette Westbury, rare elle aussi, présente un cadran 63 (sans la mention Superman) et une lunette qui en toute logique n’est pas celle d’origine, une lunette aftermarket visible aussi sur une Amaryllis citée plus haut. Une fois de plus pas de mention Superman et la présence d’une signature « Swiss Ebauche ». Concernant la marque, le nom Westbury, deux possibilités se confrontent, une famille de joailliers horlogers à Dublin en Irlande, ou une société assemblant des mouvements Suisses et des boitiers au Canada, je vous laisse deviner vers où mon cœur balance !
Pour conclure ce chapitre trois de la saga « Ces Yema qui n’en sont pas » il existe encore trois montres apparentées à la saga 63. Dans la chronologie Superman entre les « références » 63 et 241117 il ne faut pas oublier les montres que nous appelons les « Superman grises » référence 87062 K. La lunette est encore celle de la 63 mais le cadran commence son évolution. Les Galileh, Mercury Watch et Norexa sont de celles la. La Galileh s’illustre par un cadran gris à index appliqués, une mention Superman classique et un set d’aiguilles inédit. Elle va même jusqu’à posséder le fond de boitier blason Yema, je ne sais pas si c’est lié à l’usure mais aucune autre inscription n’est visible. La Mercury et la Norexa (en calibre ETA 2472) partagent elles le même cadran avec de gros index, des aiguilles identiques et une signature 3 lignes. Comme aucun n’est présent sur ces 3 modèles, je me demande si ces montres étaient équipées d’origine ou pas de notre célèbre bloque lunette ? Il évident qu’avec cette importante mise à jour, si vous aviez des informations, des curiosités à nous faire découvrir, il ne faudrait pas hésiter à nous contacter. En toute logique, notre prochain volet sera consacré aux dernières déclinaisons autour de la Superman, avec je l’espère de belles découvertes.