Histoire YEMA – Partie II
Une marque dans la tourmente
Par R.C. alias JERRY
Dernière mise à jour le 10/02/19, signalée par le code couleur. Mise à jour précédente le 02/12/18
Note : Si vous avez manqué la Partie I, c’est par là : Henry-Louis Belmont, le destin d’un homme
L’heure de la succession
En 1982, la destinée de YEMA passe entre les mains de Henry-John Belmont. Diplômé de l’INPG, Institut Polytechnique National de Grenoble, et Diplômé de l’INSEAD (Fontainebleau)[1], il connait bien l’entreprise. Il y travaille déjà depuis quelques années. Sur le papier, il dispose donc de réels atouts pour maintenir l’entreprise sur sa trajectoire florissante.
Pourtant, le dossier de presse de 2008, déjà cité plusieurs fois en référence[2] indique : « Ayant d’autres ambitions que celle de reprendre l’entreprise familiale, il décide de la vendre. [ndlr au groupe MATRA] » Une interprétation rapide, et une déception nourrie par l’enthousiasme qu’a suscité la reconstitution de l’épopée couronnée de succès du fondateur, peut conduire à penser que ce choix s’est opéré par manque d’intérêt du nouveau patron pour l’industrie horlogère. Finalement, une bête histoire de succession.
La première publication de ce dossier a suscité le témoignage très riche de Jean-Paul Suchel, « Export & private label manager » à la CGH de 1983 à 1996 dans ses premières année professionnelles et actuel directeur technique de Bell & Ross. Il rapporte une toute autre version des faits, en évoquant les premières année de YEMA au sein de la branche MATRA Horlogerie : « YEMA était la société et la marque la mieux organisée à l’époque (outil informatique, process, sourcing, assemblage avec le savoir-faire de Sormel, performances à l’export) et a donc pris le dessus, grâce aussi au rôle joué par HJ Belmont. Assez rapidement, HJ Belmont a pris du poids à la direction industrielle du groupe, avec la responsabilité de l’usine de boites et bracelets et de l’assemblage à Morteau, et des cadrans à Villers le Lac »
Henry-John Belmont s’est donc très fortement investi dans l’aventure industrielle de MATRA Horlogerie pour en assurer le succès et préserver les interêts de YEMA. Hélas, l’histoire finira mal : Henry-John Belmont sera finalement poussé en dehors du groupe qu’il quittera en 1985/1986.
L’investigation sur la toile permet de deviner la suite, grâce notamment au communiqué publié par le groupe RICHEMONT à l’occasion du départ à la retraite, le 9 février 2006, du directeur de son département Haute Horlogerie… Henry-John Belmont. Le propos tenu à cette occasion par Norbert Platt, PDG de RICHEMONT[3]est très louangeur : il rappelle qu’Henry-John Belmont a notamment pris en charge l’intégration au sein du groupe RICHEMONT de JAEGER-LECOULTRE, IWC et A. LANGE & SÖHNE.
A la suite de son départ à la retraite, Henry-John Belmont crée la société de conseil en stratégie marketing et industrielle, BELMONT CONSEIL ET ASSOCIES[4].
En 2014, La FFH, Fondation pour la Haute Horlogerie, lui décerne le prix Hommage à la passion, l’une des deux distinctions qu’elle attribue chaque année à des personnalités qu’elle souhaite distinguer pour leur travail et leur engagement[5]. Henry-John Belmont reçoit notamment cet hommage au titre de son action à la direction de JAEGER-LECOULTRE pendant près de vingt ans, et qu’il a remis sur le devant de la scène horlogère mondiale, avant le rachat par le groupe RICHEMONT en juillet 2000 des 40% de parts détenues par le groupe AUDEMARS-PIGUET[6].
En 2014, Jérôme Lambert, est PDG de Montblanc (il est le Directeur des opérations de RICHEMONT depuis 2017). Il a collaboré avec Henry-John Belmont pendant 5 ans, de 1997 à 2002. Celui-ci l’a ensuite assisté pour définir la stratégie de développement de la marque Montblanc dans l’univers horloger. Il témoigne[7] :
[…] « un jour par mois, il m’a aidé à travailler sur Montblanc, et s’est impliqué dans les débuts de l’ExoTourbillon » […] Il a apporté une très forte contribution aux éléments de la signature Montblanc […] C’est une personne très créative, et il sait très bien s’adapter. […] j’ai également appris de lui que lorsque vous n’êtes pas satisfait des choses, vous devez juste être capable de recommencer. Vouloir s’améliorer est un signe de courage. Il a joué un rôle très important dans mon initiation au monde de l’horlogerie fine […]
L’héritier de Henry-Louis Belmont peu intéressé par l’horlogerie ? Les faits démentent largement le dossier de Presse de 2008. Alors que s’est-il passé ? Comme souvent, il faut sortir du cadre pour jeter un regard différent sur la problématique.
L’heure industrielle de MATRA
Que vient faire MATRA, dont le nom est l’acronyme de Mécanique, Aviation, TRAction, entreprise d’armement, dans le monde de l’horlogerie ?
Pour comprendre « comment on en est arrivé là », il est nécessaire de revoir la pièce qui s’est jouée entre 1969 et 1982. L’approche chronologique s’avère la plus simple pour appréhender l’entrée des acteurs sur scène et comprendre les étapes du processus de concentration au cours duquel s’est décidé le sort de l’horlogerie française et bisontine. A ce titre soulignons l’apport majeur du témoignage de Robert Anguenot Jr[8], qui s’est avéré très utile pour assembler les premières pièces du puzzle, complété par la suite. Ma consommation de paracétamol a significativement augmenté pendant la rédaction de ce qui suit… j’espère que la vôtre restera raisonnable à sa lecture !
Voici tout d’abord un croquis synthétisant les entreprises en jeu et les grandes dates du processus. Vous pourrez vous y référer par la suite.
Acte I : 1969, naissance de FINHOR.
Seiko est devenu un géant redoutable sur le marché mondial de l’horlogerie. A Noël 1969, il commercialise la Seiko Astron, première montre à quartz de l’Histoire. Les suisses ne sont pas en reste. En novembre 1967, le prototype « Beta 2 » a remporté, devant les montres Seiko, le concours annuel de précision de la société suisse de chronométrie. La première montre suisse à quartz ne sera cependant commercialisée qu’en 1970, sous la houlette d’un consortium de 16 marques Suisses. L’heure du quartz a sonné. Mais aussi celle de la recherche d’une taille critique pour supporter les coûts de production, la concurrence et la bataille des prix.
Au même moment, l’horlogerie française est très fragmentée, essentiellement composée d’entreprises familiales, parfois depuis plusieurs générations. Jean-Marc Holz en dresse le portrait suivant, dans un article consacré à la restructuration du capital industriel de Besançon[9]:
« La division du travail était très poussée dans la branche : dans le système dit de l’établissage, de petites entreprises familiales, à faible coefficient de capital se spécialisant dans la fabrication d’une pièce particulière, d’autres les assemblaient ; une partie de tâche de contrôle et de réglage s’effectuaient à domicile. Dans ce contexte, la manufacture de LIP faisait exception. L’organisation interne de la branche s’appuyait sur un patronat individualiste, peu dynamique, et dont les traditions étaient bien ancrées dans la région. »
Les suisses, qui ont amorcé la concentration de leur secteur horloger beaucoup plus tôt, ont mis un gros pied dans l’horlogerie français en acquérant 43% du capital de son leader incontesté, LIP (33% en 1967, augmenté à 43% en 1970), par l’intermédiaire de Ébauches SA (groupe ASUAG). Leur poids augmentera encore par l’octroi à LIP d’un prêt de 10 millions de francs en 1971[10]. Leur influence et la défense de leurs intérêts propres seront désormais incontournables. Il est temps d’agir. Le portrait sévère présenté par Jean-Marc Holz paraît à ce titre un peu injuste si l’on considère l’initiative de Robert Anguenot et Marcel Rième, dirigeant respectifs de FINHOR (sociétés commerciales Anguenot, Herma, LOV et Sodexhor pour la production et l’emboitage), et CVR (Cupillard, Vuez, Rième) : ils décident en 1969 d’unir leurs forces au sein du groupe FINHOR.
Acte II : 1971, apparition de MONTRELEC.
Pour tenter d’élaborer une montre à quartz 100% française, plusieurs entreprises françaises décident de s’associer au sein de MONTRELEC, créé pour la circonstance. THOMSON CSF, partenaire de LIP, apporte la maitrise du quartz ; SOCREM France le moteur « pas à pas » ; CATTIN, DODANE ET YEMA doivent assurer la production des pièces mécaniques. Un calibre quartz, le R32 Exachron également fruit des recherches menées précédemment de son côté par LIP, est mis au point en 1971. Trois prototypes sont présentés en 1973 (ou 1974 selon la source) au salon de Bâle[11][12]. Malheureusement, THOMSON CSF se désengage rapidement, remettant en question le projet. La même année, YEMA avance de son côté en s’associant avec le « groupe FAIRCHILD, plus grand fournisseur de dispositif LED de l’époque et leader de la production mondiale de quartz numérique ».[13]
Acte III : 1978, création de FRAMELEC.
Le 27 juillet 1978, JAZ, FINHOR et CVR (groupe Cupillard, Vuez, Rième) constituent, par un échange d’actions, la société commune FRAMELEC (France Montre Électronique). Toutes ces sociétés sont prospères et parfaitement saines. Leur objectif commun est d’abord de constituer un pôle horloger de référence pour mieux faire face à la concurrence, et disposant des épaules assez larges pour assumer de recherches et développement technologiques. Il s’agit notamment de réussir là où MONTRELEC a échoué : donner à l’horlogerie française la maitrise autonome du quartz. Le gouvernement et la Société de Développement de l’Horlogerie (SDH), « Société de capital-risque constituée par la profession horlogère, sur fonds issus de la taxe parafiscale (ndlr mise en place par l’état en 1963, nous y reviendrons plus loin) dont la vocation est de soutenir les entreprises horlogères par des apports en fonds propres »[14], se sont engagés à apporter leur appui financier, notamment par un prêt sur 12 ans à hauteur de 15 millions de francs[15]. FRAMELEC absorbe MONTRELEC en prenant possession de plus de 60% du capital. C’est JAZ, horloger de gros volume[16]qui est à l’initiative de ce rapprochement industriel. Par sa taille et son appartenance au groupe AMPAIN-SCHNEIDER (qui revendra plus tard ses parts à MATRA), il apporte aussi la solidité financière au projet. Il est l’actionnaire majoritaire, et actionnaire unique de Cupillard Rième après en avoir acquis toutes les parts. C’est donc assez naturellement son président, William Desazars de Montgailhard, qui prend la direction de FRAMELEC.
Acte IV : 1978-1979, constitution du pôle JAEGER, BAYARD, YEMA
Dans son article évoqué plus haut, Jean-Marc Holz nous apprend que JAEGER entre au capital de YEMA à hauteur de 35%, en 1978. D’un autre côté, une rétrospective consacrée à la marque BAYARD sur le site du musée d’Horlogerie de Saint Nicolas d’Aliermont évoque la prise de participation majoritaire de JAEGER dans le capital de l’entreprise en 1978[17]. Alain Beaud, secrétaire général de JAEGER Levallois sera même le PDG de 1980 à 1984. Ces rapprochements contribuent a créer au sein de l’horlogerie bisontine un deuxième pôle fort, concurrent de FRAMELEC dont JAZ est le leader.
Acte V : 1982, fondation de MATRA Horlogerie.
Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République française. A son programme, la nationalisation de grandes entreprises industrielles. MATRA n’est pas, à proprement parler, nationalisé « au sens où ses propriétaires se seraient pliés à une décision de la puissance publique »[18]. L’État, motivé par son activité sensible dans le domaine de l’armement, entre néanmoins dans son capital à hauteur de 51%, notamment par la souscription d’une augmentation de capital qui lui est réservée.
C’est sous son impulsion, et probablement sous l’influence particulière de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la recherche et de la technologie, député du territoire de Belfort et conseiller régional de Franche-Comté, qu’est constitué en 1982 le pôle MATRA Horlogerie.
En fait, l’influence de l’État dans le secteur de l’horlogerie française n’est pas un phénomène nouveau. Evelyne Ternant[19], décrit parfaitement cette relation particulière[20] :
« La spécificité du réseau professionnel horloger ne vient pas des organisations syndicales patronales, mais d’un ensemble exceptionnel d’organismes prestataires de services : un centre technique (le Cetehor), un centre de promotion commerciale (appelé successivement CIM, CIH, CPDH et CPDHBJO), une société de capital risque (la SDH). Les seules cotisations d’une industrie éclatée en unités de petites tailles, aux faibles moyens financiers, n’auraient jamais pu entretenir un tel réseau d’organismes permanents. Une telle construction n’a pu s’édifier et se pérenniser que grâce à l’octroi par les pouvoirs publics, en 1963, d’une taxe parafiscale prélevée sur les ventes des produits horlogers. Ce mode de financement […] est à l’origine des rapports très étroits avec la haute administration, puisque les représentants de l’État siègent, avec droit de veto, dans les conseils d’administration et dans les commission internes des organismes financés par la taxe. L’horlogerie est donc tenue de prendre en compte les orientations de la politique industrielle nationale, d’autant plus d’ailleurs qu’elle est soumise fréquemment à la menace de disparition de la taxe. […] Les organismes professionnels financés par la taxe parafiscale se voient assignés clairement des missions de concentration des structures industrielles »
Conscient sans doute de ces fragilités, l’État a d’ailleurs lancé en 1977 un plan de restructuration de l’Horlogerie.
Il reste cependant notre question initiale : d’où vient donc l’intérêt de MATRA pour l’horlogerie ? Deux éléments de réponse.
D’abord, la révolution du quartz s’est accompagnée d’un autre phénomène. Celui de l’essor de l’industrie électronique. MATRA en est devenu un acteur majeur en France, en s’associant notamment à la société américaine HARRIS pour former la co-entreprise MHS, Matra Harris Semiconductor (un montage financier sera nécessaire pour maintenir ce partenariat lorsque l’état deviendra majoritaire dans le capital en 1981. HARRIS se retirera du partenariat en1989)[21]. Il s’agit toutefois de rentabiliser les investissements. Cela s’opère notamment, nous explique encore Jean-Marc Holz, par une stratégie de diversification vers le secteur civil « d’où les prises de participation dans la téléphonie, l’industrie aérospatiale, les télécommunications, et l’horlogerie, qui offrent un débouché majeur aux micro-processeurs de MATRA.[… en 1979] MATRA rachète au Groupe Empain les 39,5 % qu’il détenait dans JAZ (réveils, montres), puis, avec l’autorisation du Ministère de l’Industrie, rachète au groupe allemand V.D.O. SCHINDLING 45 % des parts qu’il détient dans JAEGER (tableaux de bord automobiles) ; ainsi MATRA détient directement 25,5 % du capital de JAEGER au même titre que V.D.O. Le mois suivant, JAEGER acquiert 35 % du capital de la firme bisontine YEMA[22].»
Le nombre de noms d’entreprise dans cette citation illustre la complexité du processus que nous venons de retracer. Mais c’est surtout la dernière partie qui nous intéresse : elle révèle que MATRA, par l’intermédiaire de JAEGER[23], devient le propriétaire indirect de YEMA dès 1979. Il est permis de penser que le père et le fils Belmont avaient eu le temps d’échanger sur l’issue de cette prise de participation, avant que Henry-John ne prenne la direction de l’entreprise familiale… Nous tenons peut-être ici la vraie raison de son départ de YEMA en 1982, conscient qu’il n’aurait jamais les mains libres pour poursuivre l’oeuvre de son père comme il l’entendait. A moins qu’il n’ait tout simplement pas eu vraiment l’âme d’un entrepreneur indépendant. Il ne s’agit bien sûr que d’hypothèses.
La suite de la citation du texte de Jean-Marc Holz apporte le point final au processus de concentration que nous venons de parcourir :
« Cette construction financière, non définitive, permet à MATRA de contrôler près de la moitié de la production française et deux marques connues. Le nouveau groupe rassemble deux leaders de l’électronique (MATRA et JAEGER), deux horlogers de gros volume (JAZ et JAEGER) et deux horlogers de petit volume (YEMA et JAZ). »[24]
Le « gros volume » est une expression consacrée pour désigner les fabricants de pendules, pendulettes, réveils… Par opposition, le « petit volume » désigne les montres, bracelets et pièces détachées. Le découpage opéré par JM Holz démontre simplement que MATRA est en position dominante sur tous les marchés !
C’est Jacques MEYER qui est nommé PDG de Matra Horlogerie[25]. Ce choix n’est pas anodin. Il est en effet le PDG de la société UTI, dans laquelle MATRA HORLOGERIE prend une part minoritaire. UTI, anciennement UTINAM, est une vieille société horlogère implantée à Besançon[26], devenue le représentant exclusif de la marque SEIKO en France, et assembleur des montres PULSAR, une marque américaine rachetée par… SEIKO[27]. Des signes déjà annonciateurs de ce qui se produira quelques années plus tard ?
Acte VI : 1988, le dénouement. Malheureusement, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Seules les activités historiques, militaires et spatiales, se portent vraiment bien. Les nouvelles filiales civiles de MATRA peinent à trouver l’équilibre. En témoigne le tableau ci-dessous, extrait du rapport du sénat évoqué plus haut. Ce rapport évoque explicitement une prise de participation du groupe japonais HATTORI (SEIKO) dans le capital de MATRA Horlogerie à hauteur de 10.78 %, se doublant d’un accord de diffusion réciproque[28]. Je ne pense pas me tromper en formulant l’hypothèse d’un rôle de Jacques MEYER et de sa société UTI dans cet accord.
En 1988, la privatisation de MATRA laisse le champ libre à Jean-Luc Lagardère pour se concentrer sur ses cœurs de métiers et se séparer de la branche horlogère du groupe, qu’il cède à HATTORI (Groupe SEIKO), Un point intéressant à noter : MATRA cède YEMA, mais pas SORMEL, dont le patrimoine et le savoir-faire technologique dans la fabrication de chaînes de montage sont transposables à d’autres d’activités.
Le mariage n’aura duré que 7 ans.
Les raisons culturelles de l’échec. Au-delà de critères purement économiques, il semble que d’autres éléments expliquent l’échec du mariage de MATRA avec les entreprises horlogères acquises. C’est le point de vue qu’exprime par exemple Richard Mille, Directeur export de la branche MATRA Horlogerie avant de rejoindre MAUBOUSSIN en 1994, dans un entretien accordé à Jecko pour Forum à Montres, en avril 2007[29] :
[…] Bon, malheureusement, MATRA, son métier n’était pas du tout l’horlogerie. MATRA ne savait pas trop quoi faire à l’époque de toutes ces marques. Matra avait récupéré ces marques en 81 quand la gauche est arrivée au pouvoir. Jean Pierre Chevènement, qu’on appelait le député de l’horlogerie dans le territoire de Belfort, a voulu et c’était une idée louable, fédérer toute l’horlogerie française qui était complètement morcelée, constituée de tas de société indépendantes qui d’ailleurs gagnaient de l’argent.Et je ne sais pas si ça vous dit quelque chose mais en 81 le premier ministre Pierre Mauroy a nationalisé toute l’industrie d’armement. DASSAULT a été nationalisé etc. Et MATRA était sur la liste des nationalisations et en fait MATRA contre, on va dire sa non nationalisation, Lagardère était un fin négociateur, prend en main l’horlogerie française. Sur le papier c’était séduisant parce qu’on avait un groupe spécialisé. MATRA était spécialisé dans l’électronique la micromécanique etc. Mais il s’agissait là de développer des marques donc il y avait un aspect, entre guillemets, beaucoup plus marketing, une stratégie complètement différente et c’était pas du tout le métier de MATRA et MATRA c’est retrouvé avec ça. Donc il s’est retrouvé avec des fleurons de l’industrie française, il y avait YEMA, JAZ, CUPILLARD RIEME dont il n’a pas su très bien quoi faire et au bout de quelques années, il s’en est défait et a revendu ça à SEIKO. […].
Cette première impression est confirmée par les propos d’Evelyne Ternant, dans l’article déjà évoqué plus haut :
« Il s’agit donc d’un ensemble horloger très disparate que la direction générale de MATRA va chercher à réorganiser brutalement dans une attitude très méprisante à l’égard des collaborateurs horlogers. Manifestant une confiance absolue en la supériorité intellectuelle de ses analyses économiques, prenant des décisions sans concertation avec les gens du métier, l’état-major de MATRA fera preuve qu’on ne s’improvise pas horloger du jour au lendemain, surtout lorsque l’on tient pour négligeable ou même nuisible l’expérience des ex dirigeants des entreprises absorbées.
Sans les rigolos à la tête de MATRA, il y aurait eu une autre place pour l’horlogerie française ! […] un homme de 29 ans au poste de directeur général de MATRA Horlogerie, sans aucune expérience ni connaissance de terrain, encore moins de l’horlogerie, mais… polytechnicien[30].
En fait il y a eu une croissance exogène avec des gens qui n’ont pas pris en compte le professionnalisme des horlogers. A partir du moment où ils étaient intelligents, ils devaient réussir ; malheureusement ce n’est pas suffisant d’être intelligent dans l’horlogerie […] C’étaient des gens intelligents qui avaient de l’argent et ils ont tout cassé, ils n’ont pas pris en compte l’avis des professionnels[31].
Des premières concentrations à visée de rationalisation technique, internes à chaque métier horloger, à l’ultime regroupement sous contrôle d’un groupe puissant extra horloger, tel a été le cheminement d’un SPL enfermé dans une stratégie prioritaire de recherche de la grande taille d’entreprise. »
Le polytechnicien visé par la charge violente de Marcel Rième, premier témoin cité par Eveyne Ternant est Pierre Prieux. Effectivement diplômé de Polytechnique et de l’INSEAD, il a en effet été Senior Vice Président du groupe MATRA, en charge des divisions Electronique automobile, Robotique, Conception assistée par ordinateur, et Horlogerie. Né le 30 mars 1952, il est âgé de 29/30 ans à l’époque. La jeunesse et le manque d’expérience managériale l’auraient-ils conduit à une direction trop rigide des hommes expérimentés qu’étaient les dirigeants historiques des société horlogères absorbées pour constituer le pôle MATRA Horlogerie ?
Un autre témoignage de Marcel Rième, co-fondateur de FRAMELEC, enfonce le clou. L’article d’où provient cette information[32], signé « T.C. », apporte par ailleurs le point de vue intéressant de ce dernier sur l’intégration de Yema. La source de cet article est malheureusement absente. Je le cite néanmoins car son existence est incontestable :
Cette première association (ndlr : FRAMELEC) aurait dû être le fer de lance de la nouvelle horlogerie française jusqu’à ce que MATRA, sollicité par le ministre de l’Industrie, prenne le contrôle du groupe. […] « À l’origine, nous étions très enthousiastes à l’idée de passer sous la houlette de MATRA »[…] Je m’attendais à ce que MATRA mette sa technologie électronique au service de l’horlogerie française afin de créer de nouveaux calibres quartz. » Mais c’était sans compter que MATRA allait encore agrandir le cercle des partenaires en intégrant au groupe la société YEMA – SORMEL de Besançon et surtout – plus grave pour l’avenir des produits français – l’importateur exclusif de la marque japonaise SEIKO à Paris (ndlr UTI, dirigé par Jacques Meyer). Impuissants, les créateurs de FRAMELEC n’ont pu que constater ce choix, le réfuter parfois, sans pouvoir intervenir. […] Plus tard, par ses déclarations, Jacques Meyer, responsable de SEIKO France, confortera Marcel Rième et ses collaborateurs dans leurs désillusions : « Il était utopique de vouloir fabriquer des montres françaises par rapport à la qualité et la puissance japonaise. Il était préférable de réaliser un accord de diffusion des produits japonais plutôt que de tenter l’aventure industrielle française. » […] Plus de 20 ans après cette aventure douloureuse, Marcel Rième ne dissimule pas son amertume. « Nous avons accepté de perdre nos indépendances d’entrepreneurs au bénéfice d’un projet ambitieux. Nous avons été trompés, bafoués par un parisianisme exacerbé. »
Poursuivons par un message de Gérald Roden, adressé au Forumeur (beau néologisme, non ?) Seiko7a38 le 6 mars 2011 :
« Cher Paul, […] j’ai travaillé chez YEMA il a bien longtemps, et cela me fait plaisir que quelqu’un s’intéresse encore à cette triste histoire. J’aime cette marque et ses modèles exceptionnels. […] C’était (ndlr MATRA Horlogerie), à cette époque, la plus importante entreprise horlogère de France. Malheureusement, les dirigeants propriétaires restés aux commandes ne partageaient pas tous la même vision stratégique. Marché intérieur contre exportation, production locale contre approvisionnement extérieur, et MATRA a finalement vendu au groupe HATTORI. Le PDG était Jacques Meyer, également importateur de la marque SEIKO en France. Le groupe a été contraint d’abandonner la production de ses mouvements pour privilégier l’acquisition des mouvements HATTORI. Au département Exportation, nous développions des montres de plutôt bon niveau, tandis que des modèles à moindre coût étaient développés pour le marché interne. La plupart des montres chronographe ont été conçues selon mes indications mais étaient trop chères pour le marché local. La synergie entre HATTORI et le groupe français a fonctionné pendant un temps, mais le marché de l’exportation n’était pas stratégique pour des raisons évidentes. J’ai quitté le groupe en 1991, au bon moment, je pense. »[33]
Toutefois nous aurions vraisemblablement tort d’attribuer exclusivement l’échec de MATRA Horlogerie à des erreurs du management supérieur de MATRA ou à des différences de vue entre Pierre Prieux et Jacques Meyer. Jean-Paul Suchel, cité plus haut, nous a apporté un nouvel éclairage : la concurrence historique entre les horlogers « du haut » et les horlogers « du bas ». Le haut Doubs, c’est la campagne de moyenne altitude, où résident notamment les paysans qui travaillent à façon pendant les mois d’hiver, pour le compte des compagnies horlogères. C’est la fameuse organisation morcelée de l’horlogerie bisontine évoquée précédemment. C’est aussi Morteau, ville d’implantation de Cupillard Rième. Le « Bas », c’est Besançon. Ville industrielle et carrefour commercial, où réside l’entreprise Yema… Complexe de supériorité ou d’infériorité des uns ou des autres, vraisemblablement à l’origine de tensions internes à la filière MATRA Horlogerie, au moins à ses débuts. Rappelons-nous que les entreprises fusionnées étaient pour la plupart encore dirigées par des membres des familles fondatrices hier concurrentes, tels Jean Anguenot, Michel Cupillard, Marcel Rième, passés de « maître chez eux » à « vassaux » d’un grand groupe industriel. Le témoignage de Marcel Rième cité plus haut prend une nouvelle saveur…
Pour parvenir à faire travailler ensemble des collaborateurs issus de ces entreprises familiales concurrentes, il sera fait appel à des consultants. Un programme de conduite du changement, « Le temps en mouvement » sera mis en place. Il tentera notamment de faire travailler les collaborateurs sur de projets commun, afin de récréer un esprit de corps. Ce sera peine perdue.
La chute de LIP ou la crise du quartz sont souvent évoquées comme des symboles de la faillite de l’horlogerie française. Il semble bien c’est plutôt la conclusion malheureuse du processus de concentration par l’échec de l’aventure MATRA, qui en est le point d’orgue.
L’heure nippone d’HATTORI SEIKO
Kintaro Hattori a 22 ans quand il ouvre à Tokyo, dans le quartier de Kyobashi, son magasin de vente de montres et de réparation horlogère. Ce n’est que 11 ans plus tard, fort de son succès commercial, qu’il crée la marque horlogère SEIKOSHA, qui deviendra le SEIKO que nous connaissons. Cette petite introduction a pour objectif de rappeler que le groupe HATTORI est, depuis son origine, un groupe de distribution horlogère avant d’être une manufacture. Cela peut expliquer, en partie, la stratégie qui sera mise en œuvre pour YEMA, qui deviendra progressivement, comme JAZ, un canal de diffusion des mouvements et produits SEIKO sous marque française.
HATTORI organise son activité horlogère française en créant la Compagnie Générale Horlogère (C.G.H), créé spécialement en 1988 pour piloter la distribution des marques SEIKO (Distribution France par UTI), PULSAR (Fabrication et distribution France UTI), JAZ (français, gros volume), LORUS (sous marque lancée par Seiko en 1982), LASSALE (compagnie Suisse, rachetée par SEIKO en 1979 alors qu’elle était en difficulté, disparue en 2002) et YEMA.
Ne me demandez pas pour quoi LASSALE ne figure pas sur le PIN’S…
La C.G.H s’installera dans les locaux de l’ancienne usine LIP, Chemin de Palente à Besançon. C’est encore à cette adresse qu’est domicilié SEIKO France.
Assez peu d’informations pertinentes sont disponibles sur internet concernant l’activité de distribution de la CGH. Jean-Paul Suchel, déjà cité, nous éclaire toutefois sur les motivations de Seiko dans la reprise de Matra Horlogerie : « A l’époque où Jacques Meyer a très habilement négocié la reprise Matra Horlogerie par HATTORI SEIKO, on parlait de la réalisation du grand marché européen, qui impliquait pour les pays extérieurs une plus grande difficulté à exporter leurs produits dans la « forteresse Europe ». L’intérêt de HATTORI SEIKO était donc double : avoir un pied à l’intérieur pour si nécessaire assembler les montres de ses marques en Europe pour les vendre dans toute la communauté. Et aussi avoir un marché captif pour la vente de ses mouvements à YEMA, JAZ, CUPILLARD RIEME, DELTA. Lorsque les Japonais ont pris la main, ils ont évidemment privilégié leurs propres marques (ndlr SEIKO et PULSR) en limitant la concurrence des marques françaises du groupe. » Malgré cette stratégie, les résultats ne sont pas au rendez-vous.
Selon le dossier de Presse de 2008, YEMA ne vend plus que 220000 montres en 1991. C’est loin des deux millions de montres écoulées de 1982 ! En 10 ans, les ventes ont été divisées par 10… Les informations partielles du dossier sur les volumes de ventes annuelles ne permettent malheureusement pas de savoir précisément quelle part de cette baisse s’est opérée sous la gouvernance MATRA ou sous celle de HATTORI SEIKO.
Faute de profits suffisants, plusieurs plans de licenciement économique se succèdent. Les tensions entre les marques sont palpables Petit à petit, toutes les marques françaises du groupe, sauf YEMA, disparaissent
En 1995, HATTORI donne à YEMA un statut de filiale du groupe et en confie la direction à Toyoji Todaka[33b]. Louis-Éric Beckensteiner, anciennement PDG de la société COBRA (fabricant de bracelets), est recruté pour prendre la direction commerciale de YEMA, avec pour mission de relancer le marché français. Je n’ai pas retrouvé d’éléments sur les motivations d’HATTORI pour créer la filiale. Peut-être est-elle la conclusion logique des travaux menés par Seiko dans le contexte de son anticipation des accords de Maastricht (voir ci après). La création de cette entité autonome par les dirigeants d’HATTORI annonce-t-elle simplement déjà la suite ? Un an plus tard, la C.G.H cesse son activité.
Les témoins
Pour conclure, voici quelques rapides portraits de témoins privilégiés de cette difficile, mais oh combien riche, période
Jacques MEYER
Décédé en octobre 2007, Jacques Meyer a piloté le destin de la marque depuis la cession de YEMA au groupe MATRA en 1982, jusqu’en 1993. Il est pratiquement possible de « relire l’histoire » à travers son parcours. Jacques Meyer a été président de HATTORI SA de 1973 à 1993, PDG de MATRA Horlogerie de 1982 à 1986, puis PDG de la Compagnie Générale Horlogère de 1986 à 1990.[34]Il a été remplacé en janvier 1991, à l’occasion d’une réorganisation du groupe dans la perspective des accords de Maastricht de 1993, par Fumitaka Ueno, « japonais de 42 ans qui s’occupait auparavant à Tokyo du marketing de HATTORI-SEIKO, pour le marché européen. »[35]
Le Who’s Who a consacré une petite biographie à ce personnage central de l’évolution de l’horlogerie française, et de YEMA en particulier. La voici reproduite, avec leur aimable autorisation.
Richard MILLE
Impossible évidemment de parler des hommes qui ont fait l’histoire de la marque sans évoquer Richard Mille, Directeur commercial/export de MATRA Horlogerie à partir de 1982. Richard Mille a fait ses débuts chez ANGUENOT, recruté par Robert Anguenot à sa sortie de l’IUT de marketing de l’université de Besançon en 1974. Il fut notamment chef de zone export pour l’Amérique latine pour FINHOR, absorbé par MATRA Horlogerie en 1981[36]. Il tentera de repositionner CUPILLARD RIEME sur le segment haut de gamme. Cette tentative sera malheureusement un échec, pénalisée par les faiblesse de fabrication de boitiers et bracelets métal de l’usine de Morteau, comme par le mauvais accueil des clients des montres « made in France » mais équipées de calibres japonais. Après la mise en sommeil de CUPILLARD, il a été nommé directeur Export de la CGH[36B]. Ses relations avec Jacques Meyer n’ont pas toujours été faciles, comme en témoigne ce petit extrait anecdotique de l’entretien mené par Jecko, déjà cité : « Je me souviens même par exemple pour la Pole Nord d’Etienne, je l’ai faite contre l’avis du PDG de l’époque Jaques Meyer qui était fou de rage et qui voulait me virer et puis lorsqu’Etienne a fait son Pôle Nord je suis devenu d’un seul coup un héro. » Richard Mille a quitté le groupe pour rejoindre MAUBOUSSIN en 1991/1992[37]. Il a donc été lui aussi un témoin privilégié du passage de relais entre MATRA et HATTORI. Sa propre marque, créée en 1999 rencontrera le succès que l’on connait.
Nicolas HOUDOUX
Selon toute vraisemblance, c’est Nicolas Houdoux qui assure la succession de Richard Mille au poste de Directeur Export de la C.G.H. Il connait bien le groupe dont il a gravi les échelons depuis son entrée en 1985 comme assistant au sein de la direction marketing de MATRA Horlogerie. Comme il l’indique lui-même sur son profil Linkedin, il a collaboré avec Richard Mille pour la « conception de produits spécifiques et techniques ».[38]Il est aujourd’hui le Directeur Europe de BACCARAT.
Jean-Jacques WEBER
Actuellement président de la Fondation de l’Horlogerie, Jean-Jacques Weber a occupé le poste clef de Directeur des Exportations, d’abord chez YEMA de 1978 à 1982, puis chez MATRA Horlogerie, de 1982 à 1986, où il a notamment collaboré avec Richard Mille sur Cupillard Rième. Matra Horlogerie tentait alors de repositionner cette marque sur le segment de l’entrée du luxe, essentiellement à l’export. Il a quitté le groupe en 1986 pour prendre la direction de ETERNA France.[39]
Gérald RODEN
Gérald Roden a été, « Export Manager » de la Compagnie Générale Horlogère de 1987 à 1992. Je suppose que c’est donc lui qui a pris le relais de Jean-Jacques Weber. Il a poursuivi sa carrière dans l’univers Horloger dans des fonctions de direction de marques prestigieuses (Daniel Roth, Gerald Genta, de Crisogono).[40]Il est facile de trouver plus d’information sur ses rôles de dirigeants. Son témoignage, cité plus haut, peut laisser penser qu’il a bien connu YEMA et MATRA Horlogerie de l’intérieur. Son CV Linkedin, source de ce « portrait » ne le mentionne pas, mais Jean-Paul Suchel nous a apporté la précision suivante : « Gérald Roden était au grand-export sur Yema lorsque je suis arrivé en 1983. Il a pris la totalité de l’export sur Yema au départ de Mickael Hecker (qui s’occupait de l’Allemagne). »
Jean-Paul SUCHEL
Son riche témoignage a permis de combler de nombreuses lacunes de la première publication de ce dossier, comme d’enrichir cette galerie de portraits. Son profil Linkedin indique qu’il a été « Export & private label manager » à la CGH de 1983 à 1996. Mais il passe sous silence le détail de ses activités durant cette période. Voici le résumé qu’il fait lui-même de son parcours : Je suis entré chez Framelec, puis Matra Horlogerie, puis CGH en 1983 comme chez de zone export (private label Europe du Nord), puis responsable marketing et export Jaz, puis chef de marque Yema. Après CGH j’ai relancé la marque Japy, puis rejoint Pequignet en 2005 comme directeur export, puis Poiray de 2005 à fin 2007 comme directeur commercial. Un peu de conseil et un projet ludique de montres personnalisables (Wysiwatch) jusqu’en 2014. Je suis entré chez Bell & Ross en juin 2013 (temps partiel en tant que consultant) puis directeur technique (développement, production, qualité) depuis avril 2014. »[40B]
Michel FLEURY
Michel Fleury est un personnage clé de l’histoire de la CGH, dont il a été le directeur du design. J’espère pouvoir prochainement vous en dire un peu plus sur son parcours. »[40C]
Jean-François DEMONGEOT
Diplômé de la célèbre École Boulle, il a collaboré pendant 17 ans, de 1984 à 2001, au design des montres produites par MATRA Horlogerie puis de la C.G.H en travaillant en particulier sur les marques CUPILLARD RIEME, DELTA (sous marque de YEMA) et YEMA, et enfin SEIKO Au cœur de la création de la marque, il est un témoin exceptionnel de cette époque agitée.[41]
Christophe BERNARD
Diplômé du renommé l’institut supérieur Saint Luc, Il a été designer chez MATRA Horlogerie de 1983 à 1990. De façon un peu anachronique par rapport au fil de notre histoire, il est intéressant de savoir qu’il sera, de 2004 à 2010 le responsable du design du Groupe AMBRE, qu’il a quitté en 2010.[42]
Lire la suite : Partie III, une marque française qui résiste !
Une époque, un style…[1] Fiche de présentation de Henry-John Belmont, intervenant au Forum 2010 de la Fédération de la Haute Horlogerie – Retour
[2] Dossier de Presse « Yema, Maison Horlogère Française 1948 », Agence COGEPA, 2008 – Retour
[3] Communiqué du Groupe RICHMONT à l’occasion du départ en retraire de Henry-John Belmont (en anglais) – Retour
[4] Fiche de présentation de Belmont Conseil et associés dans le registre du commerce – Retour
[5] Fondation de la Haute Horlogerie – Hommage à la Passion et Hommage au talent – Lauréats 2014 – Retour
[6] RICHEMONT rachète les Manufactures Horlogères.[…] Basé à Zoug, le groupe de luxe Compagnie financière Richemont a mis 2,8 milliards de francs sur la table pour acquérir LMH et 280 autres millions pour acheter les 40 pour cent des parts que le groupe Audemars Piguet détenait dans Jaeger-LeCoultre. […]Source : swissinfo.ch le 21 juillet 2000 – Retour
[7] Entretien avec Elisabeth Doerr, pour Quill&Pad – Retour
[8] Message de Robert Anguenot du 25/11/2016, sous le pseudo Roa135, en page 8 du le fil Herma Calypso, une plongeuse des 70s, sur le forum horloger Montre pour Tous. – Retour
[9] Crise, restructuration et adaptation du capital industriel à Besançon, Revue Géographique de l’Est, Tome 21, N°1-2, janvier-juin 1981, p.66 – Retour
[10] LIP des heures à compter, Marie-Pia Coustans, Daniel Galazzo, Éditions Glénat, p.42,45 et 46 – Retour
[11] History of the modern wrist watch. By Peter Doensen, J.10 LIP Quartz – Retour
[12] LIP des heures à compter, Marie-Pia Coustans, Daniel Galazzo, Éditions Glénat, p.122 – Retour
[13] Dossier de Presse «Yema, Maison Horlogère Française 1948 », Agence COGEPA, 2008 – Retour
[14] L’affaiblissement du SPL horloger franc-comtois depuis le milieu des années 70 : mythes et réalités historiques, Evelyne Ternant in Les systèmes productifs dans l’arc jurassien, Les cahiers de la MSH Ledoux, Presses universitaires de Franche Comté, 2004. Note n°24 P.127 – Retour
[15] FRAMELEC, un regroupement horloger sans précédent en France, L’Impartial du 5/06/1978, reproduit dans un message du très précieux ChP Herma et la famille Anguenot, du 29/11/2016 sur montrespourtous.org, dans le fil Herma Calypso, une plongeuse des 70s – Retour
[16] L’horlogerie dite de « gros volume » concerne la fabrication des réveils, pendules, horloges… par opposition à l’horlogerie dite de « petit volume » qui regroupe les fabricants de montres, petites pièces d’horlogerie et bracelets – Retour
[17] Présentation de l’entreprise Bayard sur le site du musée de l’Horlogerie de Saint Nicolas d’Aliermont – Retour
[18] Sénat Première Session ordinaire de 1985-1986. Annexe au procès-verbal de la séance du 2 octobre 1985, p.195 – Retour
[19] Evelyne Ternant a soutenu en 2004 à Grenoble une thèse sur le sujet suivant : La dynamique longue d’un système productif localisé : l’industrie de la montre en Franche-Comté. Elle est professeur en classe préparatoire au Lycée Pergaud de Besançon. – Retour
[20] Le rôle d’une norme nationale d’organisation industrielle dans la trajectoire d’une SPL : l’horlogerie française et le modèle de la « grande entreprise ». Evelyne Ternant in Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000), Les cahiers de la MSH Ledoux, Presses universitaires de Franche Comté, 2007 ET L’affaiblissement du SPL horloger franc-comtois depuis le milieu des années 70 : mythes et réalités historiques, Evelyne Ternant in Les systèmes productifs dans l’arc jurassien, Les cahiers de la MSH Ledoux, Presses universitaires de Franche Comté, 2004 – Retour
[21] Harris Corporation, Source Wikipedia – Retour
[22] MATRA revendra à VDO (!? cet aller-retour avec VDO – s’il a bien existé – mériterait d’être approfondi) la division Horlogère de JEAGER en 1981, puis la division Instrumentation Automobile et Avionique a Thomson /Sextant Avionique en 1984, devenus Thales Avionique depuis, et enfin, en 1986 la division connectique à la FIAT, qui deviendra UFIMA avant de redevenir Jaeger connectique (sources :d’être approfondi) la division Horlogère de JEAGER en 1981 ((Source : jaegerconnecteur.com/historique) et Chronomania Jeager sans Lecoultre (avec la coquille) du 18/10/10 – Retour
[23] L’entreprise française JEAGER a été fondée en 1903 par Edmond Jaeger. Elle s’est installée rue Paul Baudin à Levallois. D’où l’appellation de JAEGER Levalloisou de ED JAEGER sous laquelle elle est parfois évoquée. L’association avec l’entreprise Suisse Lecoultre se crée en 1937, et donne naissance à la marque JAEGER-LECOULTRE. – Retour
[24] Crise, restructuration et adaptation du capital industriel à Besançon, Revue Géographique de l’Est, Tome 21, N°1-2, janvier-juin 1981, p.66 – Retour
[25] Biographie de Jacques Meyer. Who’s Who – Retour
[26] Voir sur Chronomania l’article UTI, une marque défunte, de Capitaine56, publiée le 29/05/2016 – Retour
[27] Matra va s’allier avec la firme japonaise SEIKO. André Dessot, Le Monde du 16/05/1981 – Retour
[28] Sénat Première Session ordinaire de 1985-1986. Annexe au procès-verbal de la séance du 2 octobre 1985, p.195 à 209 et annexes – Retour
[29] Entretien accordé par Richard Mille à « Jecko », membre de FAM (Forum à Montres) – Retour
[30] Source (dans le texte E. Ternant) : entretien avec Marcel Rième, PDG de Framelec, Morteau, septembre 1997. La personne visée par cette charge violente de Marcel Rième est Pierre Prieux, dont une courte biographie est accessible sur le site de la World Policy Conférence – Retour
[31] Source (dans le texte E. Ternant) : M. Petiteau. Ancien cadre de LIP, puis directeur de SORMEL, filiale de YEMA. Source : De l’horlogerie aux microtechniques, in TERNAT-ODOUZE, actes du colloque organisé par le Cetehor et le Musée du temps, Besançon, Irades, Université de Franche-Comté, 1995. Je suis assez tenté de considérer que l’emploi du terme « polytechnicien » correspond beaucoup plus à une expression populaire bien connue, n’ayant trouvé aucun polytechnicien dans les cadres dirigeants de YEMA ou MATRA Horlogerie de l’époque. Jean-Luc Lagardère est, lui, diplômé de Supélec. – Retour
[32] Article reproduit sur un message de ChP, membre de Forum à Montre, Nouvelle Cupillard Rième – Retour
[33] Texte de mail reproduit par Seiko7a38 sur le fil original Pre production design drawings for Yema n8s, sur le forum Seiko7A38.com : « This is a slightly edited copy of the message he sent me dated March 6, 2011: “Dear Paul, Sorry for my late answer. I worked at Yema a long time ago and actually I am pleased that someone is still interested in that sad story. I loved the brand and its exceptional models. Yema belonged to the Belmont Family. HJ Belmont (the son and MD at that time) is still alive. He is (was) at Richemont in charge of the industrial strategy. He used to be the CEO of JLC. They sold their C° first to Empain Schneider, then to Matra together with Herma, Lov, Jaz, and Cupillard Rieme. It was at that time the biggest watch C° in France. Unfortunately, the global strategy was not clear among the former owners that remained at command. Home market vs Export, industrial manufacturing vs purchasing and Matra sold to Hattori group. The CEO was Jacques Meyer who was also importing Seiko brands into France. The group was then forced to give up all manufacturing of movements in order to buy Hattori movements. At the export dept we developed quite high end watches. While lower priced models were developed for the home market. Most of the chronograph watches have been drawn under my briefs but were too expensive for the local market. The synergy between Hattori and the French group worked for a while but the export market was not strategic for obvious reasons. I left the group in 1991 – I believe at the right moment. Do not hesitate to ask more. I would be more than happy to exchange more on the subject or send you posts of my Yema collection. Best, Gerald.” – Retour
[33b] Source Jean-Paul Suchel. Témoignage à l’issue de la première publication de ce dossier le 27/09/18 – Retour
[34] Who’s who – Biographie de Jacques Meyer. – Retour
[35] Jacques Meyer cède à un Japonais la présidence de la CGH – Philippe Mathieu – Les Échos – 16/01/1991 – Retour
[36] Richard Mille, la F1 de l’Horlogerie, Worldtempus, Jean Claude Pittard, 9 décembre 2002, et message de Robert Anguenot jr sur le forum montrespourtous.org, le 29 novembre 2016 – Retour
[36B] Précision apportée par Jean-Paul Suchel. Echange de mails avec l’auteur. novembre 2018Retour
[37] Profil Wikipedia de Richard Mille – Retour
[38] Profil Linkedin de Nicolas Houdoux – Retour
[39] Profil Linkedin de Jean-Jacques Weber et témoignage de Jean-Paul Suchel- Retour
[40] Profil Linkedin de Gérald Roden – Retour
[40B] Correspondance par mail avec l’auteur – novembre 2018 – Retour
[40C] Témoignage de Jean-Paul Suchel – correspondance avec l’auteur novembre 2018 – Retour
[41] Profil Linkedin de Jean-François Demongeot et témoignage de Jean-Paul Suchel – Retour
[42] Profil Linkedin de Christophe Bernard – Retour