La YEMA Skin Diver René Rochard “Octopus”

YEMA Skin Diver René Rochard_Principale YEMA Skin Diver René Rochard "Octopus". Crédit PJ Manfréo
6 min de lecture

par Pierre-Jean Manfréo

Oui le titre est à rallonge mais comme je sais que tout ce qui se passe au Club Yema doit être bon enfant, je pense que vous me le pardonnerez rapidement.

Cela fait maintenant quelques années que je me passionne pour l’univers horloger. Ceux qui me connaissent savent que j’ai une grande faiblesse pour la maison à la couronne, mais je cultive grâce à certains membres éminents de ce club un intérêt non dissimulé pour Yema.

Doux virus, douce maladie… Une fois piqué ou pris au jeu, difficile d’en sortir. J’ai commencé à m’intéresser, bien entendu, aux modèles les plus iconiques de la maison française : Superman, chrono en tous genres, Sous Marine… Mais quand on arrive avec un train de retard, il faut se montrer rusé pour dénicher des montres intéressantes. Et Yema à ce niveau offre encore des opportunités de choix !

#CesYemaQuiNenSontPas

Et nous arrivons à notre point de départ. Il est acquis que les « 30 premières glorieuses » de l’industrie horlogère, c’est à dire (pour moi, les puristes rectifieront d’eux même si je me trompe) des années 50 à la fin des années 70, ont été largement poreuses entre les manufactures, les emboiteurs, les marques d’exportation. Oui… Qui comme moi, ne s’est pas posé la question de la ressemblance, de la similitude entre deux cadrans, deux boitiers, aux mouvements identiques mais équipant deux marques différentes ?

Ma culture « yemanesque » grandissante, par le fait de discussions, de lectures, de découvertes, la thématique des marques dites « export » s’est imposée à moi. J’avais trouvé là une piste de recherche incroyable, correspondant à mon envie de suivre les passionnés tout en faisant différent.

Avant d’aller plus loin, il est important de préciser le terme « export ». Il semble peu probable que Yema ait lancé des marques différentes pour développer son activité sur des marchés à l’exportation. La bonne piste pour ces modèles « exports » serait de comprendre que des marques ayant besoin de compléter leur(s) gamme(s) se soient tournées vers Yema pour obtenir de très solides bases de travail, sur lesquelles elles seraient venues inscrire leur propre nom.

Oui le hashtag #CesYemaQuiNenSontPas venait de voir le jour (attention jeu de mots !).

La Skin Diver René Rochard “Octopus”

Bref, il me fallait maintenant découvrir une montre dans mon budget, suffisamment pertinente pour que je puisse vous la présenter aujourd’hui. Je vais essayer de ne pas être trop long, j’avais déjà repéré l’existence de Superman, des chronos « exports » tous hors de portée de mon modeste budget. J’ai dévoré un grand nombre d’images de montres sur Instagram, sur Google… J’avais gardé en mémoire une très originale Yema skin diver, sûrement des années 60, avec un cadran orange, des index plots circulaires, ayant la particularité d’être doublés à 6H, 9H, et 12H.

YEMA Skin Diver
YEMA Skin Diver Orange – Crédit Militarywatch.over.blog

Chez Yema, les Skin Diver ont connu plusieurs déclinaisons, mais celle-ci sortait vraiment du lot. Les semaines, les mois passent. Première alerte : sur eBay je succombe pour une Superman Quartz Nemrod, nous en reparlerons une prochaine fois. Je voulais aujourd’hui vous parler d’une montre plus inhabituelle.

Arrive Novembre 2017. Seconde alerte sur eBay. Tout de suite son cadran orange fait tilt ! Par contre la marque, René Rochard, inconnue pour moi au bataillon. Je fais mes recherches et je retombe rapidement sur la version Yema originale, une très sympathique skin diver automatique, les même aiguilles « Superman », et puis ces index surprenants qui me font penser à des ventouses de poulpes !

YEMA Skin Diver René Rochard_Index Octopus
Les index cylindriques “Octopus” en applique, bien visibles dans la zone 9h-12h. Crédit : PJ Manfréo

Un poulpe, une montre de plongée, vous en conviendrez que la surnommer Octopus peut avoir du sens. Nous sommes quelques semaines avant Noël, ce sera mon cadeau. Il me semble pour être complet sur cet achat, que d’autres membres du club avaient eux aussi vu la montre. Qu’ils soient ici remerciés de m’avoir laissé cette montre.

D’un point de vue technique cette montre est dans les canons de l’époque, mouvement ETA 2452 (17 Rubis) qui fonctionne parfaitement, une taille de boitier très respectable, un tout petit peu plus de 37mm de diamètre (HC), 45 mm de corne à corne et 19mm entre les cornes. C’est une montre agréable à porter.

Quelques détails intéressants sont à préciser par rapport à la version Yema, l’absence de limite de plongée sur le cadran, initialement 660 Feet, et un marquage France (à la droite des deux plots à 6H) sans aucune ambiguïté sur l’origine de la montre.

YEMA Skin Diver René Rochard_France
Pas d’indication de profondeur et une petite inscription ‘France » entre 5:00 et 6:00. Crédit : PJ Manfréo

La couronne est non signée, la lunette est bi-directionnelle et dispose d’un triangle à 12H. Peu d’exemplaires de cette montre sont visibles en photo sur internet, mais  deux autres versions de lunette co-existent : une version avec triangle à 12H et une séparation verticale entre les décimales (voir photo plus haut), une version avec point lumineux à 12H sans séparation (photo ci-dessous)

YEMA Skin Diver "Octopus" Lunette point lumineux
YEMA Skin Diver “Octopus”. Lunette avec point lumineux rond

L’une de ces deux montres serait avec date dite « roulette » (alternance de rouge et de noir pour la police de caractère. La mienne ne l’est pas.

YEMA Skin Diver René Rochard_Couronne
Couronne non siglée. Crédit : PJ manfréo

Considération esthétique toute personnelle, qui peut plaire ou pas, mon cadran laqué, commence à se craqueler, ce qui apporte un côté toile d’araignée flatteur, le fameux « spider dial ». Il me semble que les cadrans laqués proposent un supplément de profondeur, une vision plus intense du cadran, et de ce fait un sucroit de lisibilité.

YEMA Skin Diver René Rochard_Cadran Spider
Cadran craquelé dit « Spider »

La limite de plongée se retrouve sur le fond de boite, 20 atmos, avec le marquage skin diver accompagné par les sympathiques petites boucles sur le méplat. Quand on ouvre la boite, le mystère opère…

YEMA Skin Diver Reé Rochard_Fond vissé
Fond caactéristique des « Skin Divers ». Crédit PJ Manfréo

René Rochard ou Windert Trading Co ?

Le mystère n’opère pas sur le mouvement visible mais sur le marquage de la face interne. J’évoquais avec vous en début d’article l’existence de ces modèles « export » pour le cas de René Rochard, patronyme qui sonne bien français (ma montre provient du Mexique (!)), la marque semble liée à la société Windert trading Co, société enregistrée en France.

YEMA Skin Diver René Rochard_Fond et calibre ETA
Gravure « WINDERT TRADING Co » sur la face interne du fond vissé et calibre ETA

Cette entreprise est-elle parente de Yema, est-ce un emboiteur, un assembleur ? Pour le moment je n’ai pas d’élément de réponse. La revue de cette montre sans prétention mais originale aura au moins le mérite d’ouvrir la thématique sur ces Yema qui n’en sont pas, Einsehardt, Lejour, Savillon, Septa, Techron, Tradition, Westbury pour n’en citer que quelques unes.

Pierre-Jean Manfréo
Créateur du blog Soblacktie : http://www.soblacktie.com/
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YEMA Skin Diver René Rochard_Last
YEMA Skin Diver René Rochard “Octopus”. crédit : PJ Manfréo